Portrait

Personne concernée par les discriminations et les privilèges

J'ai une position sociale ambivalente, qui fait que je connais ce que sont les discriminations, ce que ça fait de devoir faire face à plus d'obstacles, de défis ou d'exclusion que les autres. Mais j'ai aussi mon lot de privilèges qui m'ont permis d'être là aujourd'hui, à vous parler, en tant que consultant et chargé de cours à l'Université de Lausanne et la HEG de Genève.

J'ai cette chance aujourd'hui de pouvoir comprendre la psychologie des deux côtés. Savoir ce qui fait peur d'un côté de la balance, ce qui résigne de l'autre. Cette double casquette me permet de faire preuve de non-jugement envers les personnes qui ne subissent pas les discriminations, tout comme avoir une légitimité auprès des personnes qui les vivent.

Des connaissances sociologiques et économiques

Mon parcours académique et professionnel a toujours conjugué sciences économiques et sociologie. C'est ce qui a caractérisé ma thèse de doctorat à HEC Lausanne sur la diversité cognitive dans les équipes de travail et qui l'a rendu si unique aux yeux de tous-tes les expert-es qui l'ont révisé.

D'ailleurs, imaginez ce que ça peut donner dans le domaine de la D&I quand on ne considère que l'une ou l'autre de ces facettes. Se focaliser uniquement sur la dimension économique créerait des approches creuses à l'instar du "bullshit managérial" qu'on entend partout. En se focalisant uniquement sur la dimension sociale, on créerait de beaux discours qui ne se traduiraient par aucun changement concret dans les organisations.

Approche généraliste

Mes ancêtres qui étaient faiseurs et faiseuses de paix m'ont donné une vision égalitaire du monde : certaines vies ne valent pas plus que d'autres. Je me rappelle que toute personne était bienvenue chez mes grands-parents, qu'elle soit de la famille ou d'un autre village, autiste ou pas, riche ou pauvre.

Le fait de considérer tout le monde de la même manière m'a amené à avoir cette approche généraliste (voire intersectionnelle). L'égalité de genre n'est pas plus importante à mes yeux que l'inclusion des personnes en situation de handicap ou que l'insertion des personnes issues de la migration. Le fait de ne pas prioriser les discriminations fait que mes interventions ne créent pas de laisser-pour-compte, de "il n'y en a que pour les LGBT, jamais pour les étrangers".

Au-delà des catégories, du préfabriqué

Je vis en campagne et travaille en ville. Un pied en Suisse romande, l'autre en Suisse allemande. Le weekend je peux autant aimer crier les numéros du loto, qu'être sur scène derrière des CDJ. Les personnes qui m'inspirent peuvent autant être des célébrités internationales que la vendeuse du village qui a décidé de vivre son rêve. J'aime bien naviguer en dehors des codes de la masculinité et de la féminité autant que je peux.

En somme, j'ai une pulsion naturelle qui m'amène à aller au-delà des catégories préfaites, à vivre la complexité de la vie, ne pas avoir peur des opposés. Vous aurez sûrement d'ailleurs remarqué dans les idées reçues que je décortique les préjugés à coup d'études scientifiques, d'articles de presse, mais aussi d'objets non-académiques comme les vidéos TikTok ou les memes.

C'est en construisant des ponts qu'on détruit des murs.