Il est normal de penser que si une personne n'adhère pas aux théories qui l'avantageraient, c’est que ces théories ne tiennent pas au fond. Mais les sciences sociales fournissent d’autres explications à cette résistance au wokisme par les personnes de minorités.

La première, c’est ce qu’on appelle la justification du système. Pour diverses raisons, certaines personnes défendent le statu quo même quand le système leur est défavorable.

Parmi ces raisons, il y a ce biais qu'on appelle "la croyance en un monde juste" : on va penser que les inégalités sont justifiées, que chaque groupe social mérite la position où il est. Si un groupe n’a pas assez accès au logement ou à des postes de travail décents, c’est qu’ils n’ont pas assez fourni d’efforts.

Une autre raison est qu'on préserve sa santé mental en ignorant les injustices et les inégalités en tant que personne minorisée. Ignorance is bliss, comme on dit en anglais. Des sondages aux Etats-Unis ont démontré que les personnes conservatrices sont plus heureuses que les personnes progressistes.

La deuxième explication derrière l’idée reçue a trait à l’intériorisation des oppressions et des stéréotypes sur son propre groupe. Pensez à toutes ces personnes pauvres qui accordent plus de crédit aux personnes riches qu’aux autres personnes pauvres. Les personnes racisées vont accorder plus de valeur aux personnes blanches comme elles auront intériorisé tous les stéréotypes dégradants sur les personnes racisées.

Au final, ces dynamiques vont faire que les personnes de groupes marginalisés vont incarner deux postures différentes : (1) comme j’ai souffert des discriminations, je veux éviter que mes pairs les subissent (2) comme j’ai souffert des discriminations, il faut que mes pairs les subissent aussi. C’est un peu comme un bizutage : oui ça fait mal d’être écrasé·e ou exclu·e en tant que personne issue d’une minorité, mais faut bien passer par là.

Et c’est ce deuxième type de personne qui sert particulièrement les intérêts des médias. Rappelez-vous à la suite de #MeToo comme certaines femmes comme Catherine Deneuve ont eu une tribune conséquente pour prôner la liberté d’opportuner. Ou encore les personnes racisées qui sont invitées dans les médias pour prôner leur posture raciste. C’est pratique et assez efficace. Mais bien évidemment manipulateur.